Ratsiraka et son boky mena, qualifié de dictateur.
Ravalomanana et son entreprise, qualifié de dictateur.
Rajoelina et ses enfantillages, qualifié de dictateur.
Pourtant tous se sont efforcés à paraître démocrate et légitime. Agissant en tant qu’homme de liberté dans la lumière, et jouant avec les codes de l’autoritarisme dans l’ombre. Sans doute est-ce là que le bas blesse : Faire semblant d’être ce que l’on ne peut être.
Madagascar est-elle vraiment prête pour une démocratie ?
Question d’histoire : Par les siècles passés, les malgaches n’étaient que multiples tribus ici et là. Autant de rois, de princes et autres seigneurs ! Le « Royaume de Madagascar », unifiant un peu tout ce beau monde, ne survint que vers le XIXème siècle. En gros, nous avons eu des rois et des reines DE Madagascar pour un siècle à peine. Juste après, ce fut le colonialisme français jusqu’en 1960 et l’indépendance. 50 ans de « démocratie » plus tard, nous en sommes déjà à la IVème République.
Constat #1 : En tant que nation, Madagascar n’est vieille que d’un peu plus de deux siècles.
Si le monde était un grand village, Madagascar serait encore un enfant. Je parle ici de l’identité nationale, qui, n’existait pas de manière unifiée avant le XIXème.
Un enfant…
Oh Madagascar, petit enfant du monde. Tu as voulu t’émanciper et te gouverner tout seul. Oh toi peuple, tu veux prôner le fait que tu peux te gérer toi même.
Mais un enfant sait-il vraiment ce qui est bon pour lui ? Noyé dans ses désirs, incapable d’agir avec sagesse, et soumis à ses pulsions, ses passions, ses envies. Un enfant capricieux, qui veut tout, tout de suite. Un enfant prince qui pense savoir mieux que les autres ce qu’il lui faut. Un enfant qui ne connait pas l’ampleur de sa responsabilité. Oh malgache, quand tu seras grand, tu comprendras…
Vous même qui êtes parents, laissez-vous vos enfants faire ce qu’ils veulent ? Si vous étiez un parent, et que Madagascar était votre enfant, le laisseriez-vous faire ce qu’il veut sachant que ce qu’il veut n’est pas le mieux ?
Constat #2 : Un enfant, ça s’éduque fermement.
Faut pas faire des études poussées pour comprendre que le laxisme des parents donne un enfant pourri qui mérite qu’on l’attache au plafond sans dessert.
De le fermeté ! Etre inflexible dans les valeurs que l’on inculque, mais tout en restant juste. Des punitions pour les mauvaises actions, des récompenses pour les bonnes !
De la valeur ! Un enfant agit selon ses désirs, sans moral ! Il faut lui inculquer les valeurs de la vie ! Ce que vaux l’effort pour mieux vivre, se battre pour une vie meilleure. Ce que vaux la droiture et la justice, l’honnêteté et la franchise. Ce genre de choses quoi ! J’en passe bien sûr, mais vous avez compris le concept : Un enfant livré trop tôt à lui même entre dans un cercle d’auto-destruction.
Constat #3 : Vous avez rien compris à l’enchaînement logique.
Là vous vous dîtes sans doute « Mais où diable veut-il en venir? ». Bien sûr, je félicite les 2-3 qui sont arrivés à voir le bout dès le début.
Bon, je vous la fait à l’envers :
Enfant = Madagascar = (Monarchie pendant 1 siècle) + (~60 ans de colonialisme) + (50 de « démocratie »)
Constat #4 : Le lièvre a voulu aller trop vite.
Bon, faut pas déconner, on a 200 ans d’histoire en tant que nation, et on veut suivre un système qui a mis plusieurs siècles voire millénaires à se mettre en place dans les pays que l’on adule : La démocratie.
La démocratie? C’est le pouvoir par le peuple, pour le peuple. C’est à dire que le peuple est amené à choisir ses dirigeants qui établissent et appliquent des projets, des idées pour faire avancer le pays. Ce qui implique donc que : (i) le peuple soit assez sage pour choisir ses dirigeants et (ii) que les dirigeants soient assez sages et intelligents pour tirer le pays vers l’avant.
La sagesse? On a pas encore trouvé comment le faire tomber du ciel ! Il faut de l’expérience, il faut des valeurs, il faut une unité, une compréhension de la réflexion, du recul, du jugement personnel, de l’analyse, de l’intelligence, du contrôle de soi, etc. Bref, tout ce qu’un adulte accompli (pas celui qui vit encore chez ses parents à 38 ans!) peut se vanter d’avoir !
Revenez au Constat #1 et vous vous rappellerez que j’avais dit que le peuple « malgache » en tant que tel n’est encore qu’un enfant. En gros, ça fait 60 ans qu’on demande à un gamin de se débrouiller pour faire sa vie ! Oh bordel, vous imaginez dire à votre gosse de 13 ans, en pleine puberté et de crise, « fils, tu es grand, débrouille-toi tout seul maintenant ! ». Je donne pas cher du sort de cet enfant d’ici un ou deux (mais c’est vous qui voyez).
MAIS BORDEL, POURQUOI ON LE DEMANDE POUR UN PEUPLE ENFANT?
Constat #5 : A peuple enfant, dirigeants enfants !
Ah ben la démocratie est belle ! Elle demande de choisir parmi le peuple, les représentants du peuple. Vous remettiez en cause ma vision de l’enfant Madagascar ?
1- L’enfant Madagascar a voté (à une époque) pour ses dirigeants, sa classe politique.
2- L’enfant Madagascar (ou une partie) a soutenu les putschistes pour virer l’ancien président en 2009.
3- L’enfant Madagascar voit aujourd’hui les enfants de la politique qu’elle a contribué à mettre en place (faut arrêter de se voiler la face, on sait tous que s’ils sont là aujourd’hui, c’est grâce au peuple).
4- Les enfants de la politique de Madagascar jouent entre eux avec la vie politique et donc l’avenir de Madagascar.
On a traité Andry Nirina Rajoelina et consort de « gamins », etc. Si vous suiviez ma logique, ma foi… Vous avez compris le truc quoi !
Constat #6 : Il manque quelque chose à l’enfant Madagascar.
Pour apprécier la liberté, il faut avoir été longuement soumis. Pour apprécier l’honnêteté, il faut avoir été abusé. Pour apprécier la justice, il faut avoir subit l’injustice. Pour apprécier la démocratie, il faut avoir subit la dictature.
Toutes les grands nations sont passées par une période monarchique, longue… très longue. Bien sûr, quand je parle de « Dictature », je parle de régime autoritaire, incluant toutes formes de monarchies.
Un monarque ou un dictateur ne rend des comptes à personne ! Un bon roi et bon monarque sait ce que le peuple a besoin, sans écouter son avis ! Il s’attelle juste à faire prospérer son royaume (et lui aussi du coup). Il n’a pas besoin de justifier quoi que ce soit ! C’est la main de dieu ! C’est celui qui décide ! Il peut user et abuser si cela sert ses desseins ! Il met en place les pièces de l’échiquier ! Il est l’alpha et l’oméga de la nation ! Il inculque les valeurs de la nation à son peuple. Il est le porteur de l’identité nationale.
Après, faut pas déconner, les dictateurs cruels, c’est pas non plus ce qu’il faut ! Mais un bon « dictateur », c’est celui qui gouverne d’une main de fer, mais qui ne choisit que le meilleur pour son pays ! On en voit souvent dans les contes de fées et les histoires pour enfants. Ces rois et ces reines, adulés de leurs peuples, ferme, mais toujours juste !
Constat #7 : le peuple malgache n’est pas encore prête à la démocratie.
C’est pas un scoop : 50 ans de démocratie, autant de merde et une société pourrie jusqu’à la moelle. On parle même plus de gangrène mais de cancer ! Il faut se rendre à l’évidence… Un siècle de monarchie (et encore, sous le joug français en partie), c’était pas suffisant pour se construire.
Comme à son habitude, les malgaches ont brûlé les étapes, s’étonne-t-on encore que la maison s’écroule alors que la fondation a été faîte en carton pâte ? Et certains veulent renforcer les murs pendant que la base elle-même s’effrite? Mais bordel, tout bon constructeur sait que dans ce genre de cas, on rase tout et on recommence !
Mais bon, l’utopie reste utopique. Ne rêvons pas, quand on entre en démocratie, il est difficile de revenir en autocratie. Ceux qui sont au pouvoir n’ont pas les couilles d’assumer un système autocratique car se serait sacrifier leur ego (être adulé, être le gentil) pour le bien à long terme de la nation. Qui veut prendre le risque de devenir le « Margaret Thatcher » d’un pays pauvre?
Je vous laisse cette réflexion : Et si nous nous choisissions un dictateur pour nous dire quoi faire jusqu’à ce que l’on soit prêt ?
Devise du Royaume de Merina :
« Ce n’est pas seulement mes responsabilités mais nos responsabilités, à toi et à moi »
Sur ce, je vous laisse, j’ai quelques opposants politiques à fouetter dans mon royaume démocratique de la Malgachie !